Produits laitier, gluten et intolérances alimentaires

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Distinguer l’allergie de l’intolérance

L’intolérance est une forme d’allergie, c’est à dire une réaction inappropriée du système immunitaire. La différence principale est le temps de réaction et la force de la réaction.
La réaction est immédiate pour l’allergie (dite aussi allergie de type I) et forte (œdème de Quincke et choc anaphylactique notamment), souvent locale, au niveau de l’exposition à l’allergène.
La réaction est différée dans le temps (plusieurs heures à plusieurs jours) pour l’intolérance (appelée aussi allergie de type IV), plus subtile, et ne se matérialisant pas forcément au lieu de l’exposition. L’intolérance alimentaire est une allergie de type IV.

L’intolérance au lactase

Il ne s’agit pas d’une réaction immunitaire, mais le manque (total ou partiel) d’une enzyme digestive, la lactase, qui empêche la bonne digestion des produits laitiers et cause des problèmes digestifs dans les 20 mn à 2 jours après l’ingestion. On retrouve souvent des problèmes de Ballonnement ; Diarrhée (ou constipation !) ; Douleurs et crampes abdominales ; Vomissement chez l’enfant ; mais aussi fatigue chronique, tendance dépressive, membres douloureux, maux de tête, troubles de la concentration.

La carence au lactase toucherai 60% de la population française. Si la carence est légère, on peut digérer une petite quantité de produits laitier, par exemple on peut boire un verre de lait sans problème et ressentir des effets après deux verres. Dans certain cas, la carence est totale. Voir l’article : Intolérance et allergie au lait. En cas d’intolérance légère, il est possible de prendre des produits faibles en lactose (comme les fromages à pâte dure et les produits laitiers fermentés comme les yaourts,…) et d’éviter les produits riches en lactase (lait, fromages à pâte molle, crus, crème, beurre,…). Il est aussi possible de prendre l’enzyme manquante au moment du repas (chez des amis par exemple), pour digérer les produits laitier.

Comment s’installe un intolérance ?

On trouve plus de 60% de notre système immunitaire dans les intestins. Autant dire que cette porte d’entrée est bien gardée. Mais rien de plus favorable au développement des microbes que ce milieu chaud et humide.

Normalement, chaque aliment est minutieusement démonté en éléments simples (vitamines, minéraux, sucres simples, acide aminés des protéines, acides gras,…) et ne passent la fine paroi intestinale qu’à cette condition. Les ensembles les plus complexes qui pénètrent reçoivent une sorte de visa qui leur permet de voyager dans le sang et la lymphe, sans se faire attaquer par les globules blancs.

Mais il arrive que la paroi intestinale, soit agressée (par de l’alcool, un soda, un médicament, une alimentation inadaptée,…) et devienne poreuse. Les cellules, normalement bien jointes, se déforment et laissent passer de gros éléments. Le système immunitaire réagit immédiatement en détruisant ses substances, et tout revient dans l’ordre. Si l’agression se répète régulièrement, le système immunitaire garde en mémoire l’indésirable, comme après un vaccin. Alors le système immunitaire réagit lorsqu’on consomme l’aliment, même si la digestion s’est faite convenablement.

Le problème vient de la répétition de la fausse agression. En effet le système immunitaire provoque une inflammation des tissu, et une forte création de substances pro-oxydantes (pour oxyder le agresseurs), provoquant des gênes locales, voire dans une autre partie du corps.
En plus si certaine partie du corps ont une composition proche du faux allergène, le système immunitaire peut commencer à s’attaquer au corps lui-même, provoquant des maladies auto-immunes.

Symptômes possibles d’une intolérance
Ils sont très nombreux… et non spécifiques.
On retrouve les mêmes problèmes que l’intolérance au lactose : diarrhée/constipation, douleurs et crampes abdominales, ballonnements, fatigue chronique, tendance dépressive, fibromyalgie, membres douloureux, maux de tête, troubles de la concentration, exéma, urticaire, asthme, rhinite allergique, vomissement chez l’enfant, maladie auto-immune…

Deux maladies souvent liées aux intolérances
- La maladie de Crohn, maladie inflammatoire chronique du système digestif, évoluant crises. Elle se caractérise principalement par des crises de douleurs abdominales et de diarrhée, durant de plusieurs semaines à plusieurs mois. Fatigue, perte de poids et même dénutrition peuvent survenir si aucun traitement n’est entrepris. Dans certains cas, des symptômes non digestifs, qui touchent la peau, les articulations ou les yeux peuvent être associés à la maladie. [1] - Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est aussi nommé syndrome du côlon irritable. En France, on utilise également le terme « colopathie fonctionnelle ». Il s’agit d’un trouble digestif qui se caractérise par des malaises ou des sensations douloureuses au ventre avec diarrhée et/ou constipation, mais sans inflammation des intestins. [2]

Les intolérances aux produits laitier et au gluten

Les produits laitiers et le gluten sont très présents dans notre alimentation. Il est très facile d’avoir plus de 6 sources différentes de lait et de gluten quotidiennement, tous les jours de la semaine. La répétition excessive d’un aliment augmentant les chances d’intolérance, il n’est pas étonnant de retrouver fréquemment des intolérances à ces produits.

Ils sont souvent liés, au niveau de la sphère digestive, à des problèmes digestifs comme les ballonnements, des douleurs intestinales (dont la position peut orienter vers l’une ou l’autre), des intestins irritables, des selles molles… Mais il peut y avoir des effets à distance comme les autres intolérances, comme les maux de tête, fatigue chronique, irritabilité, douleurs articulaires.
Certaines substances résultant de la digestion de ces produits sont des dérivés opïodes expliquant la dépendance de certains à ces aliments. Il faut alors mettre en place un traitement visant a briser cette dépendance avant d’arrêter totalement le produit incriminé.

Le thérapeute reconnais souvent ces dépendances (et donc les abus) à la phrase : « je ne peux pas me passer de… » (ce n’est qu’un indice, pas une preuve de dépendance ou d’intolérance).

Il est à noter que pour le lait, vous pouvez mal digérer les laitages sans être intolérants. Beaucoup d’adultes manquent de l’enzyme lactase qui digère le sucre du lait, la lactose, causant ainsi des problèmes digestifs similaires sans que le système immunitaire soit en cause. Toutefois, la solution est aussi l’éviction.

Autres intolérances

Toutes les aliments sont susceptibles de créer une intolérance. Vu la quantité d’aliments différents que nous mangeons régulièrement, a fortiori si l’on consomme des produits industriels, il est difficile de les distinguer par une simple enquête alimentaire… Il faut alors faire des tests sanguin précis en laboratoire.

Les tests

Pour le gluten et les produits laitiers, le test le plus simple et l’éviction complète sur un mois, de la façon la plus strict possible. Le plus souvent les symptômes régressent de façon significative en un mois, des fois moins.

Si ce test là ne montre rien, ou si on soupçonne d’autres intolérances, on est obligé de passer par l’analyse sanguine. Votre sang est alors exposé à plusieurs allergènes (entre 150 et 220 pour les plus courants). On obtient ainsi la liste des aliments auxquels vous êtes intolérants (en général un score supérieure à 50, mais qui peux monter jusqu’à 400), légèrement intolérant (entre 40 et 50), ou pas intolérant du tout (moins de 40). La liste des aliments testés comme tolérés est très importante, puisque ce sera la liste exhaustive des aliments autorisés… Il est impossible de déduire si les aliments non testés sont source d’intolérance ou pas. Il est donc important de prendre des tests complets incluant au moins 150 produits. Il existe un test qui cherche pour un prix modique si vous êtes intolérant, puis vous propose éventuellement de vérifier à quel produit vous êtes intolérant… Pour un prix beaucoup plus prohibitif. Je déconseille ce test, car nous avons tous au moins une légère intolérance, ce qui fait que le premier test est presque toujours positif.

Pour les parisiens (mais il est possible d’envoyer un échantillon sanguin par la poste) je travail le plus souvent avec deux laboratoires :

  • Laboratoire Zamaria : 221 substances testées par la méthode SIAL, 180 €, 49 Av. de Versailles Paris 16e. Téléphone : 01 46 47 71 33. (Fait aussi le test de candidose, 30 €)
  • Dr Michel Cohen, 150 substances testées par la méthode SIAL, 280 €, 187 Av. Victor Hugo Paris 16e. 01 47 55 81 40 http://www.intolsante.comJe recommande ce dernier test aux personnes qui consomment régulièrement des produits industriels, car il inclue un certain nombre d’additifs.

Le test le plus complet sur le marché, l’Immupro 300, comprend 270 substances et coûte plus de 500 €. Bien qu’il offre l’analyse de seulement 50, je ne le recommande que dans les cas où je soupçonne de très nombreuses intolérances (et encore).

Soigner son intolérance

L’objectif est de réduire la réactivité du système immunitaire en lui faisant perdre la mémoire de l’allergène petit à petit. Moins le système immunitaire est sollicité par un allergène, moins il le garde en mémoire et moins il devient réactif. Il faut commencer par l’éviction complète des aliments incriminés dans l’intolérance, le plus longtemps possible, compter 6 mois à 1 an, dont au moins 3 mois stricts. Ensuite, il sera possible de réintroduire progressivement (un seul nouveau par semaine) ces aliments par des quantités raisonnables. Sachant que si ces aliments sont de nouveaux consommés trop souvent, l’intolérance et ses conséquences peuvent revenir. Il faut apprendre à écouter son corps, souvent l’exposition à un aliment mal toléré amène maux de ventre (peu de temps après l’exposition) ou des problèmes de transit (selles molles dans la journée suivante). Pour une même personne, les aliments ne causeront pas la même réaction. Certains ne causeront plus de problème du tout rapidement, d’autres seront plus longs à pouvoir être consommé de nouveau.

Il est conseillé d’accompagner au début (1 à 6 mois) la cure de pro-biotiques et éventuellement de L-glutamine (nourriture des cellules de l’intestin pour faciliter leur réparation) et d’anti-inflammatoire (curcuma…). On peut par exemple utiliser Lactibian Tolérance de Pilèje (en pharmacie) qui a une action anti-inflammatoire. En cas de constipation prendre des sachets de 1g de Lactibian, si selles molles des sachets de 2,5g voir 5 g, 1 dose / j 20 mn avant le petit déjeuner.

Il est important aussi pendant la période de « désensibilisation » de consommer que les aliments tolérés, mais de façon variée pour éviter l’installation de nouvelle intolérances. Au maximum, un même aliment, une fois par jour, mais l’idéal est d’installer une plus grande rotation des aliments (un même aliment 1 jour sur deux, voir moins souvent).

Peut on se débarrasser définitivement d’une intolérance ?

Pour une même personne, cela dépend de l’aliment. Certains aliments ne vous causeront plus du tout de problème. D’autres pourront être consommés de temps en temps sans symptômes. Enfin, d’autres causerons toujours des désagréments digestifs après consommation, mais les symptômes disparaîtrons rapidement après une consommation exceptionnelle. D’où l’importance d’être attentif aux réactions de notre corps qui ont toujours un sens.

En tout état de cause, la personne garde une sensibilité à ses produits, et il existe toujours un seuil où l’intolérance se réinstallera.

Il n’est pas forcément intéressant de refaire un test d’intolérance après une cure. En effet les résultats donnent une absence de réaction, mais ne prend pas en compte la « mémoire » du système immunitaire qui, à la manière du vaccin, peut se réactiver rapidement.

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